22/02 : Ta Phin, San 2, préparation du projet

Après une nuit courte et un sommeil perturbé par le bruit de rats dans le toit du homestay, je me réveille pour une nouvelle journée encore très chargée. Le programme : rencontrer les 3 familles restantes de Ta Phin dans la matinée et faire un état des lieux de leur potager, puis rencontrer dans l'après-midi les 5 familles du village de San 2 géré par Agrisud. 

Aujourd'hui, je travaille seul avec Bdao, à la rencontre de ces familles.

Après une petite photo avec toute l'équipe, nous nous dirigeons avec Bdao vers la première famille.

Photo d'équipe
De gauche à droite : Mai-Chi, une enfant Dao, Alain, Bdao, le père Dao, les deux correspondantes d'HKI, Florence et moi

Famille 2 : Sung A Trang

En arrivant à la maison de la famille Sung A Trang, la discussion est difficile. Finalement, après un dialogue très bien mené par Bdao, la famille accepte de nous faire visiter leur potager, nous disant qu'ils sont très intéressé par de nouvelles cultures, mais qu'ils comptent garder la plus grande partie de leur potager à la culture de choux, qu'ils peuvent avoir toute l'année. 

Le potager est plus grand que prévu (environ 100m2). Comme pour le premier potager, je prélève un échantillon de terre afin d'analyser son acidité. Après plusieurs discussions menées par l'intermédiaire de Bdao, nous convenons que les nouvelles cultures seront carottes et plantes aromatiques, dont ils n'ont jamais essayé la culture. L'objectif étant d’accroître les apports en vitamine A, ces cultures nous semblent très bien adaptées.

Une fois l'état des lieux terminé, nous leur distribuons des capsules de vitamine A. 

Potager de la famille Sung A Trang 

De gauche à droite : Bado, les parents de la famille, moi

 La discussion est un point essentiel dans la préparation du projet pour chaque famille. En effet, l'objectif est que les familles se sentent concernées et impliquées dans le projet. Il faut donc les questionner sur ce qu'elles souhaitent vraiment, et adapter leurs requêtes au projet. Dans le cas de la famille Sung A Trang, leur volonté est de garder une grande partie de leur potager, et d'avoir comme nouveau légume de la carotte. Nous planterons donc des carottes sur 1/5 de leur potager, avec l'objectif d'augmenter la surface l'année prochaine, si la culture fonctionne bien. Nous planterons également de la ciboulette et de la coriandre, qui s'associent bien avec la carotte et qui font fuir les nuisibles (insectes, ...).

Famille 3 : Sung A Sinn

Cette très gentille famille possède également une enfant atteinte de xérophtalmie. A première vue, leur potager de 45m2 cultivables semble bien entretenu. Ils possèdent des pêchers, des patates douces à chair blanche et quelques potirons. Leur terre semble riche en matière organique et assez homogène. Nous réalisons vite qu'ils sont très ouverts à nos propositions et nous font totalement confiance. 

Potager de la famille Sung A Sinn

La mère et l'enfant de la famille Sung A Sinn avec Bdao et moi

Il y a de nombreuses opportunités d'aménagement avec ce potager. Le fait que nous soyons libres de nos décisions permet un large choix de possibilités.

Famille 4 : Vang A Do

Cette famille est sûrement la plus pauvre visitée à présent. Ils élèvent 4 enfants dont 2 atteints de xérophtalmie. L'une est déjà totalement aveugle. Leur potager de 200m2 possède un sol très pauvre et en pente (problème de rétention d'eau). Il faudra donc enrichir particulièrement ce sol. Sur ce potager assez grand, nous prévoyons de planter des pêchers, qui amélioreront la rétention d'eau par leur système racinaire. Nous prévoyons également la plantation de potirons ainsi que de carottes. Un échantillon de sol a également été prélevé.

Cette famille vivant dans des conditions particulièrement précaires, il est également prévu de faire d'autres aménagements (déplacement des sanitaires, construction d'une barrière autour de la maison pour sécuriser un fossé entre la maison et le potager, aménagement de petits potagers devant la maison, ...)

L'un des enfants prenant la pause au milieu du potager

Famille Vang A Do

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Dans l'ensemble des familles de Ta Phin, certains problèmes sont récurrents et demandent une attention particulière :

Tout d'abord, il y a un réel problème de connaissances en nutrition. Ce problème devra être résolu sur le long terme, notamment grâce à l'aide des deux correspondantes d'HKI. 
Deuxièmement, les familles ne veulent pas passer trop de temps à s'occuper de leur potager. Ce temps là empiète sur leurs autres activités (tourisme, travail dans les rizières et champs de maïs, ...). Il faudra donc sélectionner des variétés qui ne demandent pas trop d'entretien.
Enfin, l’alcoolisme très élevé des hommes de la famille fait qu'il est très difficile de travailler après une certaine heure. Le cas de l'alcoolisme devra donc être étudié sérieusement.

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En début d'après midi, nous rejoignons le village de San 2, géré par Agrisud, à 6km de Sapa. Ce village est très difficile d'accès. Cependant, les conditions y semblent meilleures que dans la partie Hmong de Ta Phin.

Nous rejoignons Chang, un des correspondants d'Agrisud, qui nous accompagne dans la visite des 5 familles. Ces familles nous ont semblé toutes très motivées par le projet, et nous donnent "carte blanche" pour intervenir sur leur potager. Les potagers sont de différentes tailles et ont différents profils de sol. Comme pour Ta Phin, nous prévoyons d'y implanter des cultures riches en vitamine A en utilisant des techniques d'agro-écologie (association de plantes, ...). Il faudra bien sûr adapter le projet à chaque potager en fonction de ses contraintes. Voici ci-dessous les photos de ces potagers :

Potager de la famille Théo Tlu Su

De gauche à droite : moi, un des leader du village, Bdao, la mère et un des enfants de la famille Théo Tlu Su

Potager de la famille Vang A Lung

La famille Vang A Lung a une situation particulière. En effet, le père de famille doit s'occuper de ses deux enfants, et également des 4 enfants de son frère décédé. La mère de ces 4 enfants s'est remariée, et comme le veut la tradition Hmong, en cas de décès du père ou de divorce, les enfants doivent rester dans la famille du père. Résultat : Une mère contrainte d'abandonner ses enfants, 4 enfants sans parents et un père de famille qui n'arrive pas à joindre les deux bouts et qui n'a pas les moyens de s'occuper de ces 4 enfants. Nous avons discuté avec les deux aînées (16 et 17 ans) pour tenter de trouver une solution. Elles nous ont semblé très perturbées et très timides. La question de l'orphelinat a été évoqué et il faudra en discuter plus longuement avec Florence.

Premier potager de la famille Vang A Do

Deuxième potager de la famille Vang A Do

Grand mère de la famille Vang A Do, avec sa petite fille

Potager de la famille Mo Thi Xo

Potager de la famille Lo A Lenh, famille du chaman du village, qui semble plus riche que les autres 

Vue du village de San 2

Vue du village de San 2

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Cette journée se termine ensuite par un débriefe à l'hôtel de Sapa avec Bdao. L'état des lieux est enfin terminé pour la région de SaPa. Il reste maintenant à prendre des décisions concernant notre intervention sur chaque potager, en fonction de chaque contrainte (choix des végétaux, des associations culturales, apport de fumier, ...). Ci-dessous, vous trouverez deux tableaux résumant l'état des lieux et le projet mis à jour en fonction des contraintes :

Etat des lieux du village de San 2

Etat des lieux du village de Ta Phin

Le soir, j'effectue également mes analyses de pH sur les échantillons de sol prélevés. Il s'avère que les 4 échantillons prélevés indiquent un pH neutre (acidité neutre). Cela est une très bonne nouvelle car un sol au pH neutre est adapté à de nombreux types de culture maraîchère. Ces analyses seront à renouveler et à appliquer à tous les potagers concernés par le projet, afin de s'assurer de la vérité de ce résultat.